L’agriculture biologique est en vogue depuis quelques années en Europe, et pour cause : nous sommes de plus en plus sensibles à notre santé et à celle de l’environnement. La tendance actuelle étant de revenir à plus de naturalité, nous sommes donc davantage tentés d’éviter les pesticides en tout genre et de privilégier une agriculture saine.

 

De ce fait, les industriels et agriculteurs ont compris les nouveaux besoins des consommateurs et se sont adaptés. D’un côté, les fermes « bio » se multiplient et les surfaces agricoles destinées à l’agriculture bio s’agrandissent. D’autre part, les acteurs de la grande distribution investissent ce marché qui leur permet d’augmenter leurs marges.

 

Un marché européen en pleine croissance

Le marché du bio européen est en pleine expansion, et ce malgré un contexte économique difficile.

Dans l’ensemble des pays de l’Union Européenne, le nombre de fermes biologiques et de surfaces agricoles destinées à ce type d’agriculture ont augmenté entre 2014 et 2015. Cette croissance des productions agricoles biologiques s’aligne à des besoins de plus en plus exigeants de la part des consommateurs.

 

Parmi les pays de l’UE, l’évolution du marché bio ne se fait pas à la même cadence : les pays baltes ont explosé les records en multipliant leurs surfaces cultivées bio par 32,4 en quinze ans, alors qu’au contraire le Royaume-Uni est en baisse depuis 2012.

 

La France fait partie des pays européens produisant le plus de produits biologiques (avec l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Pologne et l’Autriche), et connait une croissance importante depuis 2010.

 

Entre 2011 et 2016, le nombre de producteurs bio en France a augmenté de 40%, tandis que les transformateurs et distributeurs utilisant du bio ont progressé de 22,3%.

 

Cette évolution de la production biologique en France ne concerne pas seulement les fruits et légumes, elle touche également la production animale (13,7% de hausse entre 2015 et 2016). Les espèces animales les plus concernées par cette production sont les brebis laitières, les abeilles et les poules pondeuses.

 

Les français : de plus en plus investis dans ce marché

Selon Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio, le marché bio en France a progressé de plus de 82% entre 2011 et 2016, soit +3,2 milliards d’euros.

Cette progression a été boostée majoritairement par le développement des produits biologiques dans les circuits de distribution : augmentation du nombre de magasins spécialisés, élargissement des gammes dans les grandes et moyennes surfaces et dans les drives, meilleure présence dans les commerces de proximité.

Pour 80% des consommateurs, les grandes et moyennes surfaces sont le circuit privilégié pour leurs achats de produits bio.

Cet engouement grandissant des Français pour le bio incite les agriculteurs à produire plus et les commerçants à vendre plus de produits biologiques !

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon l’enquête réalisée par l’Agence Bio/CSA en 2017, 92% d’entre eux ont consommé du bio au cours de l’année, 75% au moins une fois par mois (contre seulement 50% en 2015) et 16% des Français en consomme quotidiennement (contre 10% en 2015).

 

L’augmentation de la consommation des produits bio est donc en pleine croissance, bien que les prix de cette gamme soient plus élevés et puissent représenter un frein pour certains. En effet, près de 4 Français sur 10 sont prêts à payer 15% de plus pour un produit bio et 42% des personnes interrogées disent augmenter leur budget alloué au secteur du bio.

 

La grande distribution s’empare de la tendance

Face à l’intérêt prononcé des Français pour le bio, les grandes et moyennes surfaces auraient saisi cette opportunité pour augmenter leurs bénéfices. En effet, d’après une étude publiée en août 2017 par l’association UFR-Que Choisir, ces canaux de distributions se seraient servi du bio pour pratiquer des marges plus importantes sur leurs fruits et légumes.

L’étude démontre que ces enseignes partent du constat que le bio coûte plus cher, et que les Français le savent. Ainsi, la grande distribution profiterait de l’idée pour augmenter ses marges sans que cela ne s’aperçoive. Les grandes enseignes alimentaires payent leurs fruits et légumes bio plus cher que les végétaux traités (une hausse des prix liée directement aux spécificités de ce type d’agriculture), mais 46% du surcoût final serait dû aux marges de la grande distribution.

 

Une croissance qui a des limites

Bien que le secteur du bio soit en pleine croissance aujourd’hui et que cela ne semble pas prêt de s’arrêter, certains paramètres peuvent freiner la consommation de produits biologiques :

  • Le prix. Plus élevé que celui de l’agriculture conventionnelle, il peut freiner un certain nombre de personnes au moment de l’achat.
  • Le rendement. Inférieur à celui de l’agriculture conventionnelle, seuls l’innovation et/ou l’augmentation de la taille des exploitations pourraient le rendre meilleur.
  • L’offre reste trop faible dans certains magasins. En effet, aujourd’hui de nombreuses enseignes ne proposent pas encore de diversification importante de leurs produits biologiques (peu de fruits et légumes différents y sont présentés).

 

Sources :

https://www.areion24.news/2018/12/29/le-marche-bio-attise-les-gros-appetits/

https://www.lsa-conso.fr/le-bio-8-milliards-d-euros-de-chiffre-d-affaires-en-2017,281336

https://www.lsa-conso.fr/bio-vers-une-mutation-du-secteur,275602

http://www.agencebio.org/sites/default/files/upload/agencebio-dossierdepressechiffres220218_0.pdf